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Branne, le 4 Juillet 2011

Les 95 ans de Jules Guyon-Veuillet, doyen de Branne

 


Berthe et Jules Guyon-Veuillet entourés par leur famille, leurs voisins et la municipalité

..........95 ans, c'est, semble-t-il, l'âge le plus élevé jamais atteint à Branne, paisible village de 173 habitants qui compte actuellement 4 nonagénaires. La municipalité a donc tenu à fêter le 95e anniversaire de Jules Guyon-Veuillet. Une délégation s'est rendue au domicile du doyen pour le féliciter et lui offrir un panier de spécialités du Haut-Doubs. Son épouse Berthe, 90 ans, sa famille, ses voisins et amis ont naturellement participé à cette petite fête.

Liliane Guyon, maire de Branne, a retracé les grandes lignes de la vie de Jules qu'elle connaît bien puisque c'est son beau père. Jules naît en 1916 à Chaux-Neuve, dans la ferme du Letelet à 1200 m d'altitude, à la frontière suisse. Sixième de 7 enfants, Jules travaille dès son jeune âge à la ferme familiale où l'on fabrique aussi du Morbier. Après l'école primaire, Jules poursuit ses études à Dôle, puis rentre travailler à la ferme où son père vient de décéder. Le service militaire et la guerre le mobilisent pendant 3 ans. De retour au village, il épouse, en 1943, l'institutrice, Berthe Heuvrard, originaire de Branne. Deux enfants naissent : Camille et Maryse. Pour faire vivre sa petite famille, Jules entre comme facteur aux PTT. Les longues tournées à pied ou à ski, de ferme en ferme pour apporter le courrier ou simplement le journal, sont restées gravées dans sa mémoire. Tout comme ses nombreux voyages de contrebande en Suisse voisine, et sa participation à la résistance contre l'occupant.

Plus tard, Jules s'est acheté une moto pour faire ses tournées de facteur : " une Motobécane. J'en ai usées 4 dans ma carrière. J'ai fait avec, plus d'un million de kilomètres...! " Pour finir, c'est en 2CV qu'il a effectué ses 2 dernières années avant une retraite bien méritée. Jules est alors venu vivre et construire sa maison à Branne où son épouse Berthe a terminé sa carrière d'institutrice en 1976.

Malgré le bon accueil qu'il a trouvé à Branne, Jules a toujours gardé la nostalgie de son Haut-Doubs natal, l'odeur des sapins, la neige en abondance, le ski, les clarines... Aujourd'hui, après 35 années de retraite, Jules peut toujours vivre dans sa maison et prendre soin de sa chère Berthe. Bon anniversaire Jules, et très longue vie encore !

Texte et photo de Gérard Blanc : Clerval25@orange.fr

......Rien de plus passionnant que d'écouter les anciens raconter leur vie. Voici quelques bribes de souvenirs que j'ai notées en écoutant Jules Guyon-Veuillet.

La ligne Maginot
Durant la guerre 1939-1940, Jules était mobilisé dans l'artillerie légère dans le secteur de la Ligne Maginot. Les combats ont duré 1 mois. Jules était chargé d'apporter chaque jour les repas à ses camarades artilleurs qui changeaient constamment de positions sur le front. Il se souvient comme il lui était difficile de les retrouver avec les vagues indications que lui donnaient ses supérieurs. A chaque carrefour dans la campagne, il fallait choisir la bonne direction. Jules a toujours rempli sa mission avec courage. Il a vu beaucoup de ses camarades mourir autour de lui. " J’ai eu de la chance ! ", conclut-il.

La contrebande
Pendant l’occupation, il était dans sa ferme à la frontière. Il faisait de la contrebande avec la Suisse, il apportait du fromage (du Morbier ou du Mont d’or) et rapportait du pétrole, des allumettes …tout ce qui était introuvable en France. Il passait aussi du courrier en Suisse...
Il s’est fait arrêter une fois par les douaniers Suisses, alors qu’il allait chercher des médicaments pour un camarade maquisard.. Jules n’a rien avoué pendant les interrogatoires, et a montré tant de détermination que les Suisses l’ont relâché.

La résistance
Pendant l'occupation allemande, Jules a non seulement porté clandestinement du courrier en Suisse, mais il a participé aux actions de la résistance de son secteur avec les FFI, et notamment aux combats de la Libération de Pontarlier.

Le métier de facteur
Jules Guyon-Veuillet aimait son métier et le contact avec les gens, rendre service, rapporter les courses, la pharmacie, mais il refusait toujours les verres de vin ou de gentiane qui l'attendaient dans chaque maison. C'est sans doute cette sobriété qui lui assure aujourd'hui sa longévité.
Dans les hameaux et les nombreuses fermes isolées du Haut-Doubs, les habitants s'abonnaient au journal juste pour avoir la visite du facteur chaque jour, discuter quelques minutes, échanger les nouvelles des uns et des autres...
A la fin de sa semaine de facteur, il rentrait à ski pour retrouver Berthe qui était institutrice dans un minuscule village isolé dans la montagne. Jules se souvient encore de l'angoisse qui le prenait en chemin, la nuit tombée. L'énorme épaisseur de neige qui recouvrait les chemins et les prés, faisait disparaître tout repère. Et les lumières du village n'étaient pas visibles de loin. Jules aurait pu s'égarer dans la neige, mais il était guidé par sa bonne étoile...

La retraite
Quand il s'est installé à Branne, à moins de 300 m d'altitude, dans la moyenne vallée du Doubs, Jules a eu la nostalgie de ses montagnes du Haut-Doubs. C'est pourquoi il a planté 2 grands sapins devant sa nouvelle maison. Il s'est mis aussi à collectionner les clarines. Il aime les faire tinter. Cela lui rappelle sa ferme du Letellet.
A 95 ans, Jules a encore bon pied, mais plus tellement bon oeil. Avec Berthe ils se complètent : il est les pieds, elle est les yeux.
Jules conduisait encore sa voiture il y a 2 ans. Aujourd'hui, il ne peut plus écrire son journal, mais il tond encore sa pelouse et son verger, balaie le trottoir et la neige devant chez lui, et s'occupe de son épouse. Depuis quelques mois seulement, une aide ménagère vient les aider. Jules a gardé toute sa mémoire, l'esprit vif et le sourire aux lèvres. Il aime avoir de la visite pour parler.
"Avec Berthe, ils forment un duo de choc, bien stimulant et bien émouvant ..., mais ils ne pourraient pas vivre l'un sans l'autre..." concluait Liliane Guyon.

 

 

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